“ Oh, tu parles plusieurs langues, cool!” Voici la réaction, que l’on obtient lorsqu’on mentionne le fait d’être bilingue, ou celui simplement de parler plusieurs langues. Oui, certes, c’est un merveilleux cadeau de la vie, MAIS…
“ Tu dis comment ça en russe”? “ Viens, il y a ma maman, mon papa, mon voisin, qui voulait savoir comment on disait ça en…” et là tu te retrouves avec tout le voisinage rassemblé, les yeux rivés sur toi en attendant que tu leur débites quelque chose de génial ou dans tous les cas quelque chose de radicalement nouveau et différent. Pas vraiment désagréable en soi quand on est adulte, un peu moins quand on a 8 ans et qu’on a l’impression d’être un animal de foire… D’autant plus avec toute l’aura de mystère à laquelle on associe fréquemment la Russie, certainement due à son histoire mouvementée, à la taille gigantesque de son territoire et à sa culture à cheval justement sur de nombreuses cultures originaires à la fois d’orient et d’occident, vous vous retrouvez dans le rôle de médium, d’interprète, de pont, de lien, ou tout simplement de sésame au dévoilement du mystère d’un pays d’une culture si souvent vicitime d’incompréhension, mais par cela même si fascinante. Rôle qui en tant que professionnelle de la traduction et personne aux origines biculturelles est stimulant et motivant, mais qui en grandissant pouvait s’avérer quelque peu lourd à porter, la perception des autres à l’encontre de votre personne oscillant entre du racisme teinté de mépris, ou de la fascination déplacée…
Autre problème assez fréquent quand on parle plusieurs langues, on a jamais le bon mot dans la bonne langue! Ce qui finit par se traduire dans les cas les plus extêmes, par une phrase composée de trois langues, de nouveau, pas un problème si votre interlocuteur les maîtrise également, par contre dans le cas contraire, la fuidité de la conversation en pâtit, comment dire, juste un peu… Autre problème, vous pouvez passer pour un snob “oh, je suis si si doué, je parle tellement de langues, je ne m’en sors plus”, alors que non, c’est tout simplement votre cerveau qui bugue, lié à une masse d’informations trop importante, à de la fatigue, ou encore à un lendemain de fête avec un effet semblable au précédent…
Bref, pas facile d’être un snob “doué en langues”, pardon un polyglotte, hahaha, la deuxième qualité n’étant d’ailleurs pas forcément une conséquence de la première, surtout si vous les avez appris au berceau, mais les possibilités infinies de communication et de connaissance d’une autre culture qu’offre la maîtrise d’une ou plusieurs langues n’a pas de prix!